En vrac :
-L’humour domine, mais cède de la place à la chanson et, surtout, au théâtre
-Forte période de ventes de billets à tarif membre et abonné·e
-Légère diminution du nombre de billets vendus par rapport à 2023 : mais regardons l’image complète!
Vos chiffres ont parlé : grâce à la fédération de vos statistiques, nous avons pu dresser un portrait conséquent des stratégies de mise en marché printanière, communément appelées la période de lancement de programmations au Québec. Alors que la plupart des diffuseurs recherchent activement de méthodes innovantes pour ramener leurs publics en salle et les fidéliser à long terme, cette étape historiquement tenue surtout entre le 1er avril et le 31 mai devient un baromètre intéressant sur la pertinence de cette approche utilisée depuis plusieurs décennies. Coupons le suspense : oui, les dévoilements de saison et la mise en vente de plusieurs spectacles en un seul lot continuent de mobiliser les masses. Certaines disciplines en profitent d’ailleurs plus que d’autres.
Mais en creusant plus profondément dans vos données compilées, on constate qu’il y a une perturbation dans la Force : les ventes cumulatives sont légèrement en baisse par rapport à 2023. Un creux de vague? Le hasard? Les nouvelles stratégies de fidélisation? Allons voir ce que nos résultats fraîchement sortis du four (et en premier, grâce à la force de votre nombre!) ont à nous raconter.
Des statistiques dont vous êtes le·a héros·ïne
Afin de profiter pleinement de cette analyse, nous encourageons nos clients Turbine à consulter leur propre tableau de bord en parallèle et à comparer leurs résultats avec ceux de vos collègues. Tirez ainsi de précieuses conclusions sur l’effet de vos propres stratégies en les comparant aux pratiques dans l’ensemble de la province. Pour obtenir un « benchmark » optimal, nous vous recommandons d’afficher vos statistiques pour la même période au cours des trois dernières saisons.
De notre point de vue, deux métriques clés méritent particulièrement votre attention dans cette opération « benchmark » :
– Proportion web/local
– Courbe de vente totale
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Méthodologie
Nous avons compilé les données des ventes entre le 1er avril et le 31 mai 2024 auprès de nos 67 clients pluridisciplinaires membres RIDEAU. Celles-ci ont ensuite été réparties par artiste, par discipline et par provenance de la vente avant d’être comparées aux résultats des saisons et années précédentes. Seuls les spectacles programmés chez au moins trois diffuseurs différents ont été comptabilisés. Les ventes locatives, scolaires et corporatives ont aussi été exclues pour se concentrer sur le grand public.
L’humour en tête, le théâtre en hausse
Sans surprise, l’humour demeure la discipline la plus populaire. Mais si on compare avec la période des Fêtes 2023, on constate une baisse saisissante : on passe de 44,9% à 34,2%, soit plus de 10% d’écart. Qui repart avec les pourcentages perdus? Si la chanson demeure en deuxième position avec 28,1%, elle n’a pas subi une hausse significative, alors qu’elle avait déjà 27,0% des ventes à l’automne. C’est plutôt le théâtre qui rafle la plus grande part de la cagnotte, se hissant de 10,3% à 14,9%.
La formule d’abonnement semble donc plus ancrée dans les habitudes des consommateur·rices des disciplines telles que le théâtre, le cinéma, la musique et même la danse. Pour ce qui de l’enfant chéri des arts vivants dans la province – l’humour –, on constatera plus loin qu’il s’agit là d’une performance normale pour cette période de l’année .
Plus de chanson, moins de vente
Si le nombre d’événements en chanson reste légèrement plus nombreux qu’en humour (1 226 en chanson contre 1 131 en humour), cette donnée positive l’est un peu moins de plus près. En répartissant plus largement les ventes, la chanson voit son public dilué dans une plus grande quantité de spectacles, rendant chaque occurrence moins couru qu’un événement d’humour.
Oubliez l’hirondelle : devenir membre annonce le printemps!
Passant de 12% à l’automne 2023 à 31% en avril-mai 2024, les ventes aux tarifs membre et abonné·e connaissent leur meilleure période au printemps. Les ventes promotionnelles y écopent au passage, avec un maigre 4% de la répartition totale.
Il est donc sans risque d’assumer que les campagnes marketing entourant les lancements de saison demeurent efficaces et mobilisent les publics. Et c’est une bonne nouvelle : plus de membres signifie plus de fidélité! À l’inverse, la période des Fêtes semble être plus propice aux ventes à la pièce.
Top 15 : Le théâtre bouscule le monopole de l’humour
Avec 9 des 15 positions du palmarès des meilleurs vendeurs, les humoristes restent les artistes en tête des ventes. Le théâtre a cependant fait son chemin, compilant 4 places (contre une en décembre) et devenant la seule autre discipline avec plus d’une place dans le classement.
On peut retirer deux constats principaux de ces données. Dans un premier temps, l’arrivée en tête de Rosalie Vaillancourt semble donner raison à la campagne marketing intensive que son équipe a mené entre mars et avril 2024. Ensuite, la part belle du théâtre donne davantage de poids à l’hypothèse que la période des lancements de saison lui est particulièrement favorable.
Mention honorables aux femmes humoristes Marthe Laverdière et Christine Morency qui après avoir atteint le sommet des ventes aux Fêtes demeurent encore une fois au sommet pour ce printemps.
Avril-mai plus timide dans une année faste
Si les ventes cumulatives entre avril et mai 2024 restent supérieures à 2022 et nettement supérieures à 2021 (n’en parlons même plus), il est étonnant de voir qu’elles atterrissent légèrement sous celles de 2023 pour cette période clé. D’autant plus qu’en prenant un pas de recul, on constate que – jusqu’à maintenant – 2024 a été une année égale aux autres, voire quelque peu supérieure avec 2% d’augmentation de vente de billets et 7,4% d’augmentation de recettes globales.
Qu’est-ce qui explique cette répartition différente des ventes? Voici quatre hypothèses :
1) L’adhésion d’un nombre grandissant de diffuseurs à un nouveau modèle de fidélité axé sur une carte à l’année peut venir jouer sur l’habituel sommet de ventes d’avril-mai, le réduisant subtilement. Ces quelques ventes « perdues » seraient donc plutôt décalées à d’autres périodes dans l’année où l’on multiplie les mises en vente. Cette hypothèse se concrétise d’ailleurs en regardant la comparaison des courbes de ventes depuis le mois de janvier :
2) Entre 2023 et 2024, le prix moyen des billets a un peu augmenté (de 30$ à 32$/billet). Si cette hausse demeure marginale, elle aide à comprendre pourquoi l’année entière est si peu affectée par une performance moins forte de la saison des lancements.
3) Cette hausse de prix de billet moyen est particulièrement marquée pour les spectacles de théâtre, qui sont parmi les top vendeurs en avril-mai. On peut aussi présumer qu’un nombre significatifs de spectacles autres avec un prix de billet plus élevé atteignent de bonnes ventes. Ceci pourrait potentiellement expliquer la marge entre les revenus (similaires à l’an dernier) et le nombre de billets vendus (en retard sur l’an dernier).
4) Plusieurs salles aux programmations saturées par la reprise post-pandémique ont mis en vente en avril-mai 2023 des spectacles avec une diffusion prévue pour 2024-2025. L’achat en avance pour ces représentations pourraient brouiller les cartes et expliquer la légère baisse des ventes en cette période de lancements.
Dans tous les cas, l’équipe poursuit son analyse des tendances pour 2025 et le développement des fonctionnalités Turbine suit son cours pour apporter toujours plus d’intelligence collective.