Cet article a été rédigé à partir du contenu présenté par Mathieu Bergeron, le président fondateur du Groupe iCible, dans le cadre du Rendez-vous du printemps 2022 de RIDEAU.
Table des matières
Quel est l’impact sur les ventes ?
Dans le premier article de cette série, on est arrivés à la conclusion que les spectacles les plus populaires (ou attractifs) ont été reportés, plutôt qu’annulés, pendant la pandémie. On a aussi découvert que les spectacles d’attractivité moyenne ont eu lieu, probablement grâce aux mesures de soutien mises en place.
Dans le second article, on a pu conclure que les diffuseurs ne se sont pas tournés vers des spectacles de très grande attractivité, notamment les spectacles d’humour, pour ramener le public en salle à la fin de la pandémie. C’est plutôt la chanson qui domine les programmations post-pandémiques.
La question se pose : si on programme moins de spectacles populaires et en dehors des catégories réputées pour être des gros vendeurs, est-ce que les ventes sont affectées? Regardons l’évolution des ventes afin de bien comprendre.
Voici les ventes depuis le début de l’année 2022 en comparaison avec celles de 2018 à 2021.
Malgré le fait que les spectacles populaires ne sont pas encore programmés et qu’il y a peu de spectacles d’humour, réputés être de bons vendeurs, les ventes de 2022 sont légèrement en avance sur celles des autres années.
Peut-être que les ventes de 2022 ont été artificiellement stimulées par la réouverture des salles en mars et les actions marketing qui l’ont accompagnée. Peut-être assistons-nous à un déplacement des ventes. Gardons l’œil ouvert en mai et juin, qui correspondent habituellement à une période de vente importante compte tenu des lancements de programmations.
Certaines catégories de spectacles sont-elles plus touchées?
Dans ce graphique, on voit les ventes cumulatives annuelles par catégorie de spectacles pour l’année 2018. L’humour mène la marche, suivi de la chanson et du théâtre. Historiquement, d’année en année, ce palmarès est sensiblement le même.
Regardons maintenant la composition des ventes depuis le début de l’année 2022.
On constate d’entrée de jeu que la chanson représente une très grande proportion des ventes depuis le début de l’année, ce qui en fait la catégorie la plus populaire actuellement. Notez la position de l’humour, en 3e place.
Effectivement, la chanson et le théâtre (deux catégories d’attractivité moyenne, tel que mentionné dans le 1er article de cette série) surpassent largement les catégories théâtre et humour sur le plan des ventes depuis le début de l’année. C’est une véritable inversion de la situation habituelle, où l’humour trône tout en haut du palmarès des ventes, suivi de la chanson, puis du théâtre. Maintenant, c’est la chanson qui domine, suivie du théâtre, et seulement ensuite, de l’humour.
Pour comprendre pourquoi l’humour vend moins de billets depuis le début de l’année, on a formulé cette hypothèse : si les ventes des spectacles d’humour ont baissé, c’est parce qu’ils sont déjà complets ou très bien remplis.
Pour valider notre hypothèse, il fallait donc regarder du côté du taux d’occupation par catégorie.
L’humour règne-t-il toujours ?
Le graphique ci-dessus présente le taux d’occupation de la période de référence à gauche, et celui des spectacles de 2022 à droite. Même en tenant compte du fait que les spectacles de 2022 sont toujours en vente (il est donc normal qu’ils soient moins remplis que ceux, déjà terminés, de la période de référence), on peut faire les constats suivants:
Notre hypothèse est donc rejetée : ce n’est pas parce que les spectacles d’humour sont complets que leurs ventes ont baissé.
Conclusion
À la lumière des analyses réalisées au cours des trois articles de la série, on peut constater que les spectacles qui avaient besoin d’être soutenus durant la pandémie l’ont été grâce aux différentes mesures mises en place.
Par ailleurs, on observe que la composition des programmations actuelles ne suit pas nos prédictions et s’écarte un peu du modèle établi avant la pandémie : la chanson prend une plus importance, alors que l’humour connaît un recul.
Les ventes actuelles sont légèrement supérieures à celles des années de référence, possiblement parce qu’elles ont été stimulées par la réouverture en bloc des salles de spectacles. La composition des ventes, toutefois, a subi un changement important, alors que les ventes de l’humour sont surpassées par celles de la chanson et du théâtre. Il reste à voir si ce renversement est là pour de bon.
Turbine est actuellement alimenté par les données de ventes anonymisées des 160 salles qui utilisent Tuxedo, le logiciel de billetterie commercialisé par le Groupe iCible. Ces 160 salles vendent approximativement entre 25 % et 30 % de tous les billets des spectacles francophones au Québec. Les présentes analyses, bien qu’à notre avis représentatives de la réalité, sont basées sur les données d’une partie de l’industrie seulement.
À noter: les salles spécialisées ont été exclues de l’analyse, puisque qu’elle a été réalisée à l’intention des diffuseurs pluridisciplinaires. Par ailleurs, pour les fins de notre analyse, on considère que la période pandémique s’étend du 13 mars 2020 au 1er mars 2022, moment auquel les salles de spectacles du Québec ont pu revenir aux jauges pleines.
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