D’une part, si l’inflation avait un impact sur les acheteur.euse.s de billets, on pourrait constater une baisse dans le nombre de billets vendus, un nombre réduit de billets achetés par spectateur annuellement, ou une diminution du nombre de spectateurs dans les salles. Alors, qu’en est-il réellement?

Lorsqu’on compare la courbe du nombre de billets vendus en 2022 à celle de 2019, on constate en fait une augmentation de 13,8% du nombre de billets vendus. Du côté du nombre de billets achetés par spectateur.trice annuellement, c’est positif également : on passe de 2,24 billets en 2019 à 2,37 billets en 2022. L’inflation n’a donc visiblement pas affecté l’enthousiasme du public pour les spectacles.

D’autre part, si les diffuseurs de spectacles anticipaient des ventes de billets plus difficiles en raison de l’inflation, on remarquerait une baisse dans le nombre de spectacles à venir, une diminution des mises en vente ou une augmentation du prix des billets.

Les données nous révèlent toutefois que le nombre de mises en vente est supérieur à celui de 2019. De plus, malgré une augmentation des prix des billets de spectacles par rapport à 2019, le prix des spectacles accuse encore un retard de 7% sur l’augmentation moyenne des prix. Selon la discipline, ce retard varie de 1% (en théâtre) à 14,5% (en humour!).

Mais y a-t-il d’autres indicateurs qui pourraient laisser présager qu’une récession attend le milieu du spectacle? Tous ceux que nous avons évalués sont au vert : nombre de spectacles futurs, pourcentage d’occupation des spectacles, prévoyance d’achat, panier d’achat moyen, nombre de spectacles et nombre de nouveaux clients.

C’est en analysant le profil socio-démographique des spectateurs qu’on peut répondre à cette question.

Les données indiquent que les acheteur.euse.s de billets sont en général :

• Plus âgé.e.s
• Plus aisé.e.s financièrement

Maintenant que vous savez que les acheteurs de billets sont plus âgés et plus aisés, vous pouvez plus facilement cibler leur profil dans vos efforts marketing.

Pour commencer, en analysant vos données de billetterie dans Turbine, on peut déterminer dans quel rayon kilométrique réside votre clientèle.

Par exemple, en analysant les données du Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe, on a pu observer que 90 % de la clientèle réside dans un rayon moyen de 32,25 km autour de la salle. En croisant les données du dernier recensement avec celles de leur billetterie, on a ensuite pu identifier quelles sont les aires de diffusion avec la plus grande concentration de ménages à haut revenu dans ce rayon.

On peut faire la même chose pour vous – ensuite, vous pouvez utiliser cette information pour cibler ces aires de diffusion avec des offensives marketing.

C’est une proposition controversée, mais écoutez-nous : avez-vous déjà été convaincu.e d’assister à un spectacle qui ne vous intéressait pas parce que les billets n’étaient pas chers?

Nous non plus.

On ne peut pas forcer quelqu’un à assister à un spectacle en raison de son prix. Inversement, les spectateurs paient le prix que ça coûte quand ils veulent vraiment voir un spectacle.

Considérant que le prix des billets de spectacles accuse encore un retard par rapport à l’inflation et que la clientèle est aisée, vous pouvez vous permettre d’augmenter le prix des billets. Ça peut être fait de plusieurs manières :

• En augmentant le prix du billet en soi;
• En augmentant les frais de service (la moyenne actuelle est de 5,25$);
• En augmentant le prix des spectacles dans certaines disciplines qui accusent davantage de retard (on pense à toi, l’humour!);
• En cessant de pratiquer le bas prix pour les disciplines les plus difficiles à vendre.

Pourquoi faire profiter l’acheteur moyen de tarifs réduits alors qu’il est, à la base, plus fortuné? Exit, les rabais pour aînés. Offrir des tarifs réduits aux personnes qui en profitent réellement permet de garantir l’accessibilité des arts à tous. Voici deux méthodes possibles (parmi d’autres) :

• Compter sur l’honnêteté des gens en offrant des tarifs associés à des tranches de revenu;
• Offrir les tarifs réduits sur demande seulement (par courriel ou téléphone).

Selon notre analyse, la menace de l’inflation n’est donc pas si terrifiante qu’on pourrait le croire pour l’industrie du spectacle. Vous, les diffuseurs de spectacles, avez fait preuve de courage jusqu’ici en ne réduisant pas l’offre de spectacles – on vous encourage à en faire preuve à nouveau en offrant la culture à son juste prix.